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General****, rocking my stripes (numéro 3).

Je vous assure que la rayure est de nature à vous surprendre. Hier, je vous le prouvais avec la peinture. Restons dans le domaine de l’art, mais cette fois spécialisons nous dans l’imposture. Deux démonstrations, avec les illusions d’optique de l’op-art et les détournements artistiques du mercantile codes-barres.

Avec l’art optique, la rayure est utilisée à partir des années 60 pour exploiter la faillibilité de l’œil à travers des illusions d’optiques. Dès 1965, cet art est célébré au MoMA de New York, avec des tableaux qui déclenchent des réactions visuelles extraordinaires chez le spectateur. Trouvant ses origines dans les théories de Kandinsky et dans les travaux du Bauhaus, ce mouvement pictural utilisait bien plus que la rayure mais certains de ces représentants savaient dompter la rayure, lui donnant une illusion de mouvement avec des oeuvres qui semblaient vibrer, pulser, ondoyer… Mes préférés : Victor Vasarely, Daniel Buren, le peintre américain Gene Davis (qui doit être l’inspiration première de Paul Smith), Carlos Cruz-Diez et Bridget Riley.

Bridget Riley - Movement in Squares (1961)

Gene Davis - Hot Beat (1964)

Victor Vasarely - Berc (1967)

Cet art prend des fois une dimension au quotidien. Par exemple, le docteur Richard Gregory a observé une illusion dans un café de Bristol dont les curieux effets dans les carreaux de faïence du mur faisaient apparaître des droites parallèles comme des courbes. L’alternance et le décalage de carreaux clairs et sombres permet de former une ondulation.

plan du mur (à utiliser pour vos prochains travaux de maçonnerie)

Pour finir avec ces effets d’optique artistique, un petit détour du côté de chez Scott Blake qui fait une utilisation exclusive de barres-codes qu’il utilise sous forme de pixels pour faire apparaitre des images rayées de visages célèbres.

Scott Blake - Elvis

Scott Blake - Jesus

General****

Noir is the new black.

Hi,

Comme promis, je vais vous emmener avec moi sur les routes de la couleur noire.

First of all, such a journey, can only be done on the top riding black beauty : the always copied never equalled Citroën Traction Avant.

La Citroën Traction Avant est une automobile produite par le constructeur français Citroën, des années 30 à la fin des 50’s. Son histoire est étroitement liée à celle de la France et tout particulièrement lors de la seconde guerre mondiale. Esthétiquement, sa ligne était très aérodynamique, inspirée de la mode du Streamline Moderne. Cette voiture m’est particulièrement chère, car elle était une des Citroën qui ont fait le bonheur de ma famille. Si j’ai plutôt été élevée dans une Citroën CX Break, j’ai néanmoins beaucoup voyagé en Citroën DS avec mon grand-père, ou plus récemment en Citroën Traction Avant 11 Légère avec mon père.

Aujourd’hui, je vous propose de monter à bord de la 15 qui devient rapidement la ‘reine de la route’ du fait de ses performances élevées (135 km/h) liées à une excellente tenue de route. Sa fiabilité, ses performances et ses qualités routières exceptionnelles dignes de confiance en font l’automobile préférée des notables et des gangsters français. Check out this masterpiece.

OK now, sit back and relax…

Au début des 60’s, on ne pouvait pas encore écouter autre chose que le moteur dans ces voitures, mais en s’arrêtant dans les cabarets de Paris, tard le soir, on pouvait découvrir Serge. Gainsbourg disait que son premier album était noir, trop noir, et que personne n’avait envie d’avoir ça chez soi. Il se cherche encore, et pour son quatrième disque et son dernier 25cm, le bien nommé Serge Gainsbourg N°4, ou le jazz prédomine encore, il nous gratifie d’un somptueux Black Trombone. Pas de vidéo officielle bien sûr, mais ci-dessous une production qui se mérite, avec un beau travail typographique. That’s a fucking A.

Malheureusement, je n’ai pas vécu à Paris et pas pu aller attendre Serge au coin de la rue de Verneuil, pour le suivre au 5 bis jusqu’au seuil. Humer ses gitanes. Rêver de partager ses sessions piano. Ca me met un peu dans une colère noire.

Par contre, je suis née à Paris. Et j’ai toujours en tête quand je pense à cette ville, l’oeuvre de Daniel Buren. Inspiré par une toile de store rayée, il met au point son vocabulaire artistique : des bandes verticales alternées blanches et (fréquemment) noires, qu’il nommera « outil visuel ». Après un travail approfondi en 2D, il passera assez rapidement à la troisième dimension, lui permettant ainsi d’intervenir n’importe où. Et d’obtenir ses premières commandes publiques. La plus célèbre est sans conteste la parisienne : Les Deux Plateaux, commandée par l’État français pour la cour d’honneur du Palais-Royal. Je ne vous ferais pas l’affront de vous la présenter, alors simplement un retour aux sources, l’époque tableau.

Mais la scène française possède surtout un peintre spécialiste du noir-lumière, l’outre-noir. Monsieur Pierre Soulages. En travaillant ses gammes, il ajoute, retire du noir pendant des heures. Ne sachant plus quoi faire, il quitte son atelier, désemparé. Lorsqu’il y revient deux heures plus tard : « Le noir avait tout envahi, à tel point que c’était comme s’il n’existait plus ». Récemment invitée en France par mon ami Dimension6 qui habite à Strasbourg, j’ai été engloutie par l’oeuvre de cet homme présentée au Musée d’Art Moderne de sa ville.

J’ai profité de cette exposition en écoutant un des très grands albums de 2005, le Tender Buttons de Broadcast. Lors de ma visite, le titre « Black Cat » est encore venu me titiller les oreilles (qui pour information se dit « mimi » en japonais; de là me vient mon surnom au sein de la ear fraternité). A vous de voir.

J’en profite pour vous glisser la pochette de l’album. Un graphisme noir et approprié. Oh yeah.

Black Cat. Chat noir. Smells like Black Magic.

La magie noire (« nigromancie ») a des effets négatifs du fait même du magicien, et elle a des buts consciemment maléfiques et des moyens intentionnellement négatifs. Si jamais vous avez passé l’âge des soirées spiritisme ou des piqures de poupées vaudou pour nuire au PSG, continuez de stimuler vos pavillons et votre cornée avec la vidéo suivante.

La magie noire est aussi à l’origine d’un de mes plaisirs noirs musicaux. Suite à la lecture d’œuvres de Dennis Wheatley, traitant de magie noire, un jeune britannique raconta à son groupe la vision qu’il eut un jour d’une silhouette noire encapuchonnée au pied de son lit. S’inspirant de cette histoire, le groupe écrivit une chanson intitulée Black Sabbath et renomma par la même occasion le groupe. Black Sabbath, inspiré de riff lourd et lugubre parfaitement en phase avec son style « satanique » va alors produire son chef d’oeuvre : Paranoid.

Si War Pigs est un temps fort de l’album, je ne peux m’empêcher de vous proposer de vous pencher sur la version de Drums Of Death, un autre artiste fétichiste du noir et du lugubre. D’autant plus que je suis une fan absolue actuellement du ‘tuxedo & bow tie’, if ever I was a man !!!

Drums Of Death vs Black Sabbath – Ozzzy !

Toutes ces bordées sataniques, ça me donne un peu des idées noires…

Yes, la bande dessinée est un de mes grands plaisirs. Et parmi les incontournables, il y a un Franquin. J’imagine déjà certains esthètes sauter sur leurs chaises, mais je les invite chaleureusement à se pencher sur les Idées Noires de Franquin, qui a découvert pour ce recueil de dessins la puissance de la technique du silhouettage. Have a closer look.

Au rayon graphisme en noir, et pour rester dans le thème musical et la localisation américaine, il faut forcément évoquer le Bluesman de Vollmar et Gallejo qui est ressorti cette année en version intégrale. Un petit bijou d’humanité qui retrace la vie de Lem Taylor et son compère ‘Wood, noirs et itinérants, vivant de leur art, voyageant dans l’Amérique sudiste et encore très largement raciste de la fin des années 20. Jusqu’à un patelin appelé « Hope » à dessein, où le plus terrible et incroyable des destins les attend au tournant…

Yes. America. I love you, but you’re bringing me down.

Avant les années 20, les américains se délectaient des ‘minstrel show’, qui étaient un spectacle où figuraient chants, danses, musique, intermèdes comiques, interprétés d’abord par des acteurs blancs qui se noircissaient le visage, puis, surtout après la guerre de sécession, par des noirs eux-mêmes. Les Noirs de ces spectacles apparaissaient comme ignorants, stupides, superstitieux, joyeux, et doués pour la danse et la musique. Les acteurs professionnels délaissèrent le genre vers 1910, mais des amateurs le firent durer jusque dans les années 50. La montée de la lutte contre le racisme les fit disparaitre définitivement.

Pour ressusciter les Minstrel Show, Spike Lee a fait un film plus ou moins oublié et politiquement très incorrect titré The Very Black Show’ en français, Bamboozled en anglais. Now the pitch : Pierre Delacroix est un scénariste afro-américain qui travaille pour une chaîne de télé et se voit refuser son dernier show jugé « pas assez black » par son patron. Il prépare alors un projet explosif : ressusciter le concept de minstrel show mais là, les deux acteurs principaux seront des Afro-Américains maquillés en noir. Ils deviennent les héros de Mantan : the New Millenium Minstrel Show où ils reprennent les sketchs, postures, danses et stéréotypes les plus éculés de la tradition raciste des minstrel shows. Have a look at it if you can.

Pour rester aux USA et dans la frange revendicatrice Black, je vous glisse une de mes chansons préférées de hip hop par le poète Saul Williams.

Je ne vais pas traiter de la cause noire mais la traite des noirs a aussi eu ses heures douteuses en Europe avec le code noir de Louis XIV (recueil de textes réglant la vie des esclaves noirs dans les îles françaises) ou, plus graphiquement, Tintin au Congo.

Et d’ailleurs, certains rêvent d’être noir, la preuve avec Nino Ferrer qui était plus habitué à nous vanter les mérites du téléphone ou à rechercher son chat.

Black is now positive ! Black is also the color of our heroes !

Batman, Zorro, Dark Vador… et forcément sa parodie de chez Kaws pour rester moderne.

And, sticking to this ‘men in black’ list, let me introduce you to one of our fellows at ear fraternity : Ear Division. Sure you will appreciate his work in the coming posts. However, I just can’t resist to offer you a mix he delivered in 2007; difficult start but happy ending.

Ear Division – Men In Black

Now, we are getting to a close. Last eye candy and ear friendly with Goose, Black Gloves. They are pimping up racing cars out of wheely bins, and designing them like WW2 nose art, it’s smart as the color black !

Mimi Kazaï